Pour nous, la formation politique est la garantie de pouvoir élever le niveau de conscience, distribuer les connaissances et les pouvoirs et, donc, garantir une organisation vraiment démocratique.

Oppression des femmes

Introduction

- L’orientation féministe de la LCR et sa pratique : un décalage.
- La démarche politique : qu’est- ce qu’être féministe ? Nécessité de bien comprendre les caractéristiques de l’oppression des femmes.
- La mondialisation libérale renouvelle l’analyse des rapports entre capitalisme et oppression des femmes : nécessité d’une analyse dialectique pour appréhender les contradictions.

1. Les caractéristiques de l’oppression des femmes

(doc 1)
L’oppression des femmes présente des points communs avec les autres rapports de domination (oppression liée à la colonisation, oppression des homosexuels, etc.), mais aussi des spécificités.

1.1 Traits communs

1.1. 1 Surtravail et/ou discriminations au travail.

Redéfinition de la notion de travail par les féministes. (on y revient dans la partie II, sur la notion de division sociale et sexuelle du travail),

1.1.2 Droits limités ou absence de droits dans différentes sociétés.

- Situations très différenciées sur le plan international (Nord/Sud)
- Unicité de l’oppression au Sud et au Nord au-delà de ces différences (malgré des progrès au Nord l’oppression y est toujours présente).
- Nécessité des luttes pour acquérir des droits (ces progrès n’ont été conquis que par les luttes et peuvent être toujours remis en cause, cf IVG).

1.1.3 Importance de la violence

- Violences physiques, sociales (liée aux traditions comme l'excision), psychologiques (insultes) et symboliques (l'intériorisation, par les dominé-e-s de la vison du monde et du système de valeurs des dominants)
- Importance de l’éducation et de la socialisation concernant les rôles masculin et féminin.

1.1.4 Importance de la stigmatisation (notamment physique).

- Définition et description du phénomène (sentiment d’infériorité, dévalorisation, honte de soi, notamment physique)
- Evolution contrastée ces dernières années (progrès remis en cause par les conséquences des intégrismes religieux)

1.2 Spécificités

1.2.1 Transversalité de l’oppression des femmes

- Traverse absolument toutes les dimensions de la vie sociale et surtout toutes les autres oppressions.
- Notion de patriarcat comme un ensemble cohérent de discriminations.

1.2.2 Promiscuité des femmes avec leur oppresseur au sein de la famille.

Ce qui explique les contradictions (les sentiments pouvant conduire à des compromis face à l'oppression) et les difficultés de la lutte des femmes atomisées dans chaque famille…

2. Oppression des femmes, capitalisme et mondialisation libérale

2.1 Oppression des femmes et capitalisme : approche générale

2.1.1 Rappel : l’oppression des femmes a précédé le capitalisme

- Débat sur Engels (doc. 2)
- L’oppression n’est pas une simple surexploitation
- Lutte de classe et oppression des femmes.

2.1.2 Articulation spécifique entre capitalisme et patriarcat

Renvoie à division sexuelle et sociale du travail dans l’ensemble de l’organisation de la société.
• Principe de séparation des tâches
• Principe de hiérarchie entre les tâches

2.1.3 Rôle central de la famille dans la reproduction de l’oppression

- Régulation du marché du travail grâce à la main d'œuvre féminine (ex. développement du temps partiel et de l'APE incitant les femmes à quitter le marché du travail)

- Le travail domestique : des économies pour le système (cadre de la reproduction de la force de travail : consolide la division sexuelle et sociale du travail ).

- Reproduction des divisions hiérarchiques de classe, de genre, de la norme hétérosexuelle etc. En ce sens la famille patriarcale est censée garantir le maintien de l'ordre social.

- La famille "moderne" comme lieu de refuge et de libertés, plus ou moins illusoires

2.1.4 Conclusion sur les débats entre féminisme radical (C. Delphy) et nous :
Pour nous, il y a imbrication étroite entre capitalisme et patriarcat. Si la lutte des femmes peut leur permettre de conquérir de nouveaux droits, elle ne peut pas aboutir à une véritable émancipation des femmes comme des autres groupes dominés sans remise en cause de la logique du profit.

2.2 Oppression des femmes et mondialisation libérale : paradoxes et contradictions.

(Doc 3)
On retrouve les contradictions historiques du capitalisme

2.2.1. Les contradictions de l’articulation du capitalisme au patriarcat

- Besoin d’une extension des rapports de production capitaliste, donc de la salarisation des femmes
- Besoin du maintien du cadre familial, qui se transforme et s’adapte aux transformations du capitalisme.

2.2.2 La mondialisation libérale comme étape du capitalisme

- Différentes dimensions (productive, commerciale, financière, culturelle)
- Caractère hétérogène du processus à l’échelle mondiale
- Articulation avec les politiques des Etats (ajustement structurel, austérité, privatisations, déréglementation….)

2.2.3 La mondialisation utilise, reproduit mais aussi transforme la division sexuelle et sociale du travail

- Conséquences spécifiques de la mondialisation libérale sur la situation des femmes, sur plusieurs plans. Les femmes sont particulièrement touchées :
• En tant que salariées (suppressions d’emplois dans les services publics, les administrations, délocalisations d’entreprises comme le textile)
• En tant que principales responsables de la reproduction de la force de travail (augmentation de la charge de travail gratuit de par le recul des services publics).
• De par leur position subordonnée dans la famille et la société, surtout au Sud (recul des soins, de la scolarisation)
• De par leur accès limité aux moyens de production, notamment la terre au Sud (augmentation des cultures d’exportation au détriment des cultures vivrières).
• Augmentation des trafics et du système prostitutionnel à l’échelle internationale.
- Caractère contradictoire des processus : déstabilisation possible de formes de la domination patriarcale, surtout au Sud.
• La mondialisation de la production implique une extension du salariat féminin, notamment au Sud, qui remet en cause les normes sociale traditionnelles, d’une part renforce et diversifie la classe ouvrières et ses potentialités de lutte d’autre part (Corée, Mexique, brésil, Asie du Sud-est….).
• Les migrations et la circulation des informations peuvent contribuer également à ce processus
• On observe, corrélativement à l‘urbanisation, un recul des taux de nuptialité, de fécondité etc., dans tous les pays du Sud.

2.2.4 Les pièges idéologiques et politiques

- Tentatives de récupération de la problématique de genre par un certain discours libéral (Banque mondiale) :
• logique des opportunités du marché pour les femmes, améliorer leur efficacité en tant que travailleuses mais surtout en tant q’éducatrices
• utiliser l’alourdissement de leur travail gratuit, familial mais aussi social (bénévolat ) pour pallier le recul de l’Etat.
- Les dangers du relativisme culturel : courant de la décroissance et de l’antidéveloppement.
• Ce courant nostalgique revendique la cohérence de sociétés précapitalistes idéalisées, en occultant les rapports d’oppression qui y sévissent (idéologie d’une complémentarité des rôles) ainsi que les rapports de classe.
• Il aboutit souvent au refus de principe de toute notion d’émancipation sociale et d’universalité des droits. (vues comme « occidentalocentristes »)


Conclusion

- Nécessité d’une lutte autonome des femmes même si certaines luttes peuvent être mixtes
En même temps que
- Nécessité de l’intégration de la dimension de genre à l’ensemble du combat politique.

- Un projet de société fondé sur le développement d'équipements sociaux de qualité et bon marché (voire gratuits) et la mixité totale des activités (femmes et hommes doivent disposer d'un temps égal pour avoir une activité professionnelle, prendre en charge la vie familiale (enfants et/ou parents âgés), pour des loisirs, pour s'investir sur le plan associatif et politique etc. Ce qui passe par une réorganisation radicale de la société.

- Nécessité d’une convergence internationale centrale des luttes de femmes (cf. Marche mondiale de femmes, Assemblée des femmes du FSE en novembre 2003) et d’une réaffirmation inconditionnelle de l’universalité et de l'unicité des droits (ce qui implique le refus de hiérarchiser la lutte contre les différentes oppressions).

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